
« Danses avec les îles » : la Polynésie au sommet de son art
L’archipel cultive depuis des lustres la pratique de la danse et de la représentation scénique. Les costumes, les chants et les postures que l’on peut apprécier lors d’un séjour participent au dépaysement d’un voyage aux antipodes. Mais derrière les spectacles proposés aux touristes se cachent des symboles culturels hérités des temps anciens, qui révèlent la profonde identité polynésienne.
L’âme de la Polynésie
Qui s’est déjà rendu en Polynésie et a pu assister à un spectacle de danses tahitiennes, dans son hôtel-resort ou lors d’une manifestation locale, ne peut pas dire décemment qu’il est resté de marbre. Ces danses incarnent peut-être ce que la Polynésie possède de plus intime : son âme, sa sensualité et cette joie de vivre colorée sans laquelle les tropiques du Pacifique ne seraient pas ce qu’ils sont.
Participer à des ateliers d’initiation
Symbole fondamental de l’identité polynésienne, la danse s’accompagne de mises en scène costumées, de chants et de musiques traditionnelles – les tambours et les conques résonnent de leurs sons profonds. Vive et spectaculaire, ancrée dans la culture, elle se regarde, s’écoute et se partage, tant il est possible lors d’un séjour de participer à des ateliers d’initiation organisés dans certains établissements hôteliers ou lors de fêtes locales.
Incantations aux dieux
Le folklore des danses tahitiennes ne doit rien au tourisme. Il puise ses racines dans la longue histoire des îles. Jadis, ces danses étaient exécutées comme des incantations aux dieux traditionnels, chaque mouvement des bras et du corps étant chargé de significations précises et codifiées. Elles étaient aussi pratiquées lors des moments clés de la vie quotidienne : naissances, mariages, fin de récoltes…
Mais lorsque les colons européens sont arrivés au XIXᵉ siècle dans le Pacifique, ils ont vu dans ces danses une forme de libertinage lascif et bruyant, contraire aux valeurs chrétiennes que les missionnaires voulaient imposer.
Festival Heiva i Tahiti en juillet
Abolies pour ces raisons, les danses disparurent du paysage polynésien. Il fallut attendre les années 1950 pour que des animateurs locaux décident de réinvestir ce champ culturel et relancent les pratiques. En agissant ainsi, ces dépositaires de la mémoire ont pu se réapproprier le patrimoine et transmettre aux nouvelles générations un trésor culturel de grande valeur.
Le symbole de cette résurrection est sans conteste le Heiva i Tahiti. Ce festival connut une évolution notable en 1956, lorsqu’une chorégraphe tahitienne, Madeleine Moua, lança une compagnie de danse qui apporta un souffle de modernité dans la scénographie et les costumes.
Organisé chaque année en juillet à Papeete (Tahiti), le Heiva propose, dans une ferveur populaire jamais démentie, de nombreux spectacles de danse, mais aussi des courses de va’a (bateaux traditionnels polynésiens) et des concerts.

Tiki Village à Moorea
Voilà donc une excellente opportunité de se rendre en Polynésie. Mais si les congés ne coïncident pas avec les dates du festival, pas d’inquiétude : les hôtels-resorts proposent immanquablement, durant la semaine, une soirée spéciale “danses tahitiennes”.
Et si, en prime, on a la chance de séjourner sur l’île de Moorea, voisine de Tahiti, il sera possible d’assister à des cérémonies de danse au Tiki Village, un centre culturel et d’artisanat réputé.
Entre roulements de tambour et costumes végétaux, il restera alors à reconnaître le type de danse pratiqué sous ses yeux. Car bien sûr, la chorégraphie polynésienne ne se limite pas à un seul mouvement.
Tamure, danse culte
Le plus connu de tous est le tamure. Nommée aussi ‘ori tahiti, cette danse véloce et très rythmée s’exprime à travers des costumes de scène colorés. Constitués de fibres végétales, de fleurs ou de plumes, les coiffes et les habits, ainsi que les nombreux bijoux en coquillages portés autour du cou, symbolisent le rattachement des Polynésiens à leur terre.
Le tamure est aussi spectaculaire par les mouvements du corps : genoux hyper mobiles pour les hommes, hanches vives pour les femmes. C’est l’une des danses phares du festival Heiva i Tahiti.
Costumes et « jupes d’herbes »
Autre danse, plus guerrière : le ‘ote’a. Exécutée avec des mouvements puissants et nets, cette danse jadis réservée aux seuls hommes est désormais pratiquée par tous. On appréciera le contraste saisissant entre les gestes nerveux masculins de hanches et de jambes, associés aux mouvements féminins de bras amples et élégants.
Danse vive, considérée comme l’une des plus traditionnelles, le ‘ote’a propose une chorégraphie spectaculaire sur fond de tambours polynésiens et de costumes constitués de jupes d’herbes.

‘Aparima, la rencontre de deux amoureux
On poursuit avec le ‘aparima. Plus lente et sensuelle que le ‘ote’a, elle est transmise depuis des générations et est particulièrement rattachée à l’île de Tahiti.
C’est une danse qui raconte une histoire, en ce sens que les postures (debout, assis, accroupi) et les mouvements évoquent la rencontre d’une jeune fille et d’un jeune homme, la naissance d’une idylle et la vie commune d’un couple jusqu’à la fin de leurs jours.
Les femmes danseuses sont traditionnellement revêtues d’un paréo.
Le haka, aussi aux Marquises
On pourrait encore citer le hivinau (la plus facile techniquement, très abordable pour les touristes), le pa’o’a et le pe’i des îles Gambier.
Mais focalisons-nous sur l’une des danses les plus connues et spectaculaires : le haka.
Celle-ci n’est pas exclusivement réservée aux rugbymen de l’équipe nationale de Nouvelle-Zélande : elle est aussi pratiquée aux îles Marquises.
Danse guerrière, elle était jadis utilisée pour effrayer les ennemis. Aujourd’hui pacifiée, elle n’en reste pas moins impressionnante, avec les cris rauques et la rage qui émanent des danseurs.
Une façon ultime de pénétrer l’univers culturel de la Polynésie, ce fenua qui n’en finit pas de faire rêver les voyageurs du monde entier.

Dernière mise à jour : 16/10/2025
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